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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 20:38

Ce mois-ci, une nouvelle destination soleil en cette période estivale : le Maroc. Le sud-ouest marocain connaît aujourd’hui un important développement du commerce de l’huile d’argan, produit prisé en cosmétique. Cette filière en mutation pose aujourd’hui question en termes de bénéfices pour les territoires qu’elle exploite. Le développement territorial qui s’est construit autour subit-il également des changements ?

 

L’huile d’argan est à l’origine le fruit d’un long travail effectué de manière ancestrale par les femmes de la région du sud-ouest marocain. Entourées de forêts d’arganiers (classées UNESCO), elles passent des journées entières à presser le fruit de l’arbre pour en tirer une huile vendue à prix d’or pour ses bienfaits pour la peau par exemple.

Rapidement identifié comme un potentiel de développement local intéressant, plusieurs programmes de soutien sont venus structurer une filière :

- l’Union Européenne, avec le projet « Argannier » pour 6 millions d’euros injecté entre 2003 et 2010

- l’Allemagne, avec son ONG Oxfam

Et un programme national, dont l’objectif premier était l’amélioration des conditions de travail des femmes.

Organisées en coopératives, leur nombre a donc augmenté, pour permettre aux femmes d’accéder à des conditions de travail prescrites et normées. Le salaire perçu, en augmentation avec le développement de la demande, facilite ainsi l’accès des enfants à la scolarité. Et les hommes occupent souvent les postes de gestion, comptabilité, … . Ce sont environ 2 millions de personnes qui dépendent aujourd’hui de cette filière. Mais le profit attire toujours des investisseurs et la conséquence sur la structuration de la filière fut directe : sur les 150 coopératives existantes au départ, 30 sont aujourd’hui encore considérées comme des coopératives, avec les valeurs et principes qui vont avec.

D’autres procédés sont également arrivés :

- mécanisation

- déplacement des lieux de productions et de commercialisation

- certification et labellisation

Ces démarches du commerce de grande échelle sont souvent loin de répondre aux besoins des locaux qui se tournent vers d’autres productions. Ce sont aujourd’hui majoritairement les grands groupes de cosmétiques qui s’imposent sur le territoire et minimisent les retombées économiques des petits producteurs.

 

Cet exemple soulève différentes questions :

- l’objectif premier justifiant les investissements et aides de l’UE notamment a-t-il été réellement atteins ? A qui ces aides ont-elles finalement profité ?

- au départ dessiné comme une filière durable, l’est-elle aujourd’hui vraiment sous tous les angles de « la durabilité » notamment sociétale ?

 

Pour la filière elle-même, c’est aujourd’hui la qualité de la production qui est remise en question par les acheteurs, souvent européens. L’Argan, une filière juteuse en perte d’authenticité ?

Sud Maroc : L’Argan, une filière juteuse en perte d’authenticité ?
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