L’image d’une ville se construit sur ce qui la compose, autour de ce qui ne peut être modifié. Saint-Nazaire est l’une de celles-ci, fortement marquée par son histoire. Elle tente aujourd’hui de rester dans la course de l’attractivité en révisant ses espaces de vie.
La problématique récurrente de la ville moyenne d’aujourd’hui : continuer d’attirer des habitants, ou tout du moins, ne pas trop en perdre.
Mais compte tenu des niveaux prix immobiliers élevés, les secteurs littoraux comme Saint Nazaire sont particulièrement tournés vers un public senior au pouvoir d’achat plus important, attiré par l’ambiance côtière. Sur l’agglomération nazairienne (CARENE), les 75 ans et plus représentaient 10% de la population totale en 2010, soit 2 points de plus que le niveau départemental (INSEE). Ce constat soulève les questions conséquentes au vieillissement de la population : mobilités adaptées, proposition de services correspondante, adaptation de la proposition de logements, … .
Mais la ville doit également être en phase avec la génération « jeunes travailleurs » pour maintenir un solde naturel positif et un bassin d’emploi dynamique.
Comment Saint-Nazaire tente donc aujourd’hui de se tourner vers toutes les générations ?
Des espaces de partages
Le nouveau Théâtre, inauguré en septembre 2012, est en partie implanté dans une bâtisse ancienne – rare rescapée de la guerre – et propose une large programmation de pièces et spectacles. Une proposition culturelle jusqu’ici manquante à Saint Nazaire. Le lieu ne demande aujourd’hui qu’à s’installer dans les habitudes des nazairiens. Le VIP Life, salles de concerts et de création installées depuis plusieurs années dans l’ancienne base sous-marine allemande, est, à l’inverse, connu est reconnu. Mais est-il maintenant tourné vers les nazairiens uniquement ? Aujourd’hui non, puisque la reconnaissance du VIP est plutôt régionale voire nationale avec sa programmation éclectique.
Saint Nazaire a également été à plusieurs reprises le théâtre du festival d’art ESTUAIRE (cf. photo ci-dessous), apportant un autre mode de valorisation du patrimoine de la ville.
Comme beaucoup de centre-ville, Saint Nazaire a récemment fait peau neuve avec le réaménagement des rues ralliant les deux pôles commerçants qui le compose : le Ruban Bleu et le Paquebot. Massivement absorbés par les zones commerciales d’extérieures, les consommateurs sont encore peu présents sur le centre ville. Mais les améliorations réalisées sur les espaces verts et de circulations en centre ville ont pour objectif de lui redonner un nouvel élan.
Les propositions commerciales de centre ville et de zone commerciale doivent être complémentaires pour satisfaire les consommateurs de tous âges, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. L’utilisation massive de la voiture étant pour beaucoup dans cette répartition et explique parfois la désertion des centres-villes.
L’un des derniers aménagements récents de la ville, et qui remporte un franc succès intergénérationnel est incontestablement la promenade littorale. Ce parcours de deux kilomètres, ponctué d’espaces de verdures, s’impose aujourd’hui comme un lieu de rencontre et d’échanges alors qu’il n’avait pas été pensé comme tel lors de son aménagement.
Offrant un espace agréable pour les marcheurs, cyclistes, mais aussi pour les amateurs de rollers et de skate grâce au positionnement d’un skate park, cet espace rassemble toutes les générations.
Les besoins des seniors identifiés
En cœur de ville mais aussi au-delà, les villes côtières comme Saint Nazaire sont le nouvel el dorado des promoteurs immobiliers pour y implanter des résidences seniors. Nous ne comptons plus les publicités et permis de construire qui fleurissent dans les zones les plus calmes de Saint Nazaire visant les investisseurs âgés souhaitant couler de beaux jours près de la mer.
Proposant des services complémentaires (présence d’un personnel médical, d’une gouvernante, …) et de qualité (piscine, jacuzzi, …) ces résidences s’adressent à des seniors au pouvoir d’achat conséquent. Ces derniers assureront alors des dépenses alimentaires, de loisirs ou encore d’assurance, grandissantes dans les années à venir et sur un périmètre géographique localisé.
Leurs dépenses de santé sont également importantes si l’offre de services est identifiable et à proximité immédiate.
C’est le cas de la Cité Sanitaire de Saint Nazaire inauguré en juin 2012, placée en périphérie du centre-ville pour en faciliter l’accès. La présence d’un tel équipement neuf sur un territoire est un atout indéniable, évitant de nombreux déplacements sur la ville voisine de Nantes.
Cependant reste une énigme : le devenir de l’ancien CHU, proche du centre et de nombreuses habitations, le réaménagement des 2,5 hectares de la zone du Moulin du Pré posent encore aujourd’hui question : logements, établissement d’hébergement spécialisé, commerces, …, les groupes de concertation citoyenne menés en 2011 et 2012 n’ont pas réellement permis de trancher. La nouvelle équipe municipale pourrait se saisir de ce projet pour en faire son emblème... .
Ces différents éléments soulignent la volonté des élus locaux de redonner un nouvel élan à Saint Nazaire qui perdait des habitants en 2010 l’INSEE.
D’autres nombreuses pistes d’analyses auraient pu être abordées ici pour tenter de répondre la problématique à laquelle fait face cette ville : comment rendre attractive une ville d’après-guerre ?
La structure de l’emploi local explique aussi les nécessaires besoins de fidélisation d’un certain public d’actif. Mais celui-ci doit être aujourd’hui pensé selon les interconnexions avec l’agglomération nantaise qui n’a aucune difficulté à absorber plusieurs milliers de travailleurs nazairiens chaque jour.
Saint-Nazaire toujours en construction : quelle place dans la constitution de la métropole nantaise et quelles conséquences ? A suivre …
